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dory. Bois-Robert alla relever cela à son ordinaire, c’est-à-dire follement, car cela étoit su de fort peu de gens, et il l’a fait savoir à tout le monde, écrivant une grande lettre contre Costar, qui n’avoit pas eu dessein de l’offenser. Voici le conte : Un jour Bois-Robert entendoit la messe aux Minimes de la Place-Royale avec l’abbé de La Victoire. Il y avoit des jeunes gens de la cour qui causoient ; un religieux leur en alla faire réprimande, mais il prit fort mal son temps ; Bois-Robert lui en dit son avis. Avec ce religieux il y avoit un jeune ecclésiastique qui demanda à l’abbé de La Victoire qui étoit cet honnête homme-là qui avoit parlé si sagement au bon Père : « C’est l’abbé Mondory, dit l’abbé de La Victoire ; il prêche tantôt au Petit-Bourbon. » (Il y a une chapelle à Bourbon, et aussi des comédiens italiens[1].) Bois-Robert s’appeloit lui-même le Trivelin de robe longue. Bois-Robert avoit fait ce conte à Costar, en passant au Mans : Costar lui a répondu fort doucement et l’a apaisé.

Bois-Robert faisoit un conte de M. de Beuvron et de son frère Croisy. Il disoit qu’un jour, à la campagne, il vint une pluie qui dura cinq heures. C’étoit au mois

  1. Le Petit-Bourbon étoit anciennement l’hôtel du connétable. Il étoit situé près du Louvre, et couvroit une partie des terrains sur lesquels on a élevé la colonnade du Louvre. Ce bel hôtel, confisqué en 1523 sur le connétable, fut démoli pour la plus grande partie en 1527. On conserva seulement la chapelle et la galerie. Cette dernière, qui étoit très-vaste, servit aux spectacles de la cour sous Henri IV, Louis XIII et la minorité de Louis XIV. Les États de 1614 se réunirent dans cette galerie. (Recherches sur Paris, par Jaillot, quartier du Louvre, pag. 12.)