Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sceaux Molé, avoit dit le diable de lui. Il s’en justifia, et M. de Lyonne fit sa paix. On voit tout cela dans ses Épîtres, et comme Servien l’amusa de belles promesses.

Depuis leur raccommodement, il avoit prié M. Servien d’une affaire. M. Servien lui montra son Agenda quelques jours après. « Tenez, lui dit-il, je m’en souviens bien, vous êtes le premier sur mon Agenda. — Oui, répondit l’abbé, mais j’ai bien peur d’en sortir le dernier. »

En 1661, dans le temps de la mort du cardinal Mazarin, un homme de Nancy s’adressa, au Palais, aux diseurs de nouvelles, et leur dit : « Je vous prie, messieurs, dites-moi si ce qu’on nous a mandé à Nancy est véritable, que Bois-Robert s’étoit fait turc, et que le grand-seigneur lui avoit donné de grands revenus avec de beaux petits garçons pour se réjouir, et que, de là, il avoit écrit aux libertins de la cour : « Vous autres, messieurs, vous vous amusez à renier Dieu cent fois le jour ; je suis plus fin que vous : je ne l’ai renié qu’une, et je m’en trouve fort bien. »

Bois-Robert a acheté une maison aux champs, et la Providence a voulu que ce fût une maison qui s’appelle Villeloison. Il dit, lui, que c’est pour la substituer à ses neveux, qui sont de vrais oisons ; mais, sur ma foi, elle ne convient pas mal à leur oncle. Il mourut un an ou deux après cette belle acquisition.

Il avoit vendu son abbaye de Châtillon à Lenet, de chez M. le Prince. Il avoit fricassé presque tout, hors cette acquisition dont on vient de parler, et un billet de douze mille livres sur un homme d’affaires. Il jouoit un jour chez Paget, maître-des-requêtes ; il perdoit,