Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/196

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homme comme cela au cardinal pour trahir le clergé, aux assemblées duquel il a présidé plus d’une fois. À une ouverture d’une de ces assemblées, il dit : « Desideravi magno desiderio manducare vobiscum hoc pascha. » Or, il mangeoit bien de toutes façons. On disoit qu’il mangeoit quatre fois son dîner avant que de le manger : dès le soir en l’ordonnant, la nuit y rêvant, le matin y changeant quelque chose, et puis allant faire un tour à la cuisine avant qu’on servît. Après sa mort on trouva dans ses papiers une tactique de plats. Une fois qu’on lui avoit fait bien des présents de volaille et de gibier, il fit arranger tout cela en rond, comme on feroit pour le peindre, et puis se mit au milieu. Je voudrois qu’on eût fait son portrait en cet état. Un jour qu’il avoit dîné chez le Coadjuteur de Paris, il fit venir tous ses officiers, et leur dit : « J’ai dîné aujourd’hui chez M. le Coadjuteur de Paris ; il y avoit ceci et cela, tel et tel défaut. Je vous le dis afin que vous preniez garde de n’y pas tomber, car s’il vous arrivoit de me traiter comme cela, autant vous vau-

    vêque de Reims, aidant à faire les honneurs de la maison, parut en habit court sur la fin de l’action, et descendit de dessus le théâtre pour présenter la collation à la Reine, ayant à sa suite plusieurs officiers qui portoient vingt bassins de vermeil doré, chargés de citrons doux et de confitures........ Je ne sais s’il m’échappa de dire quelque chose de l’emploi de M. de Chartres, mais, quelque temps après, lorsqu’au même lieu l’on dansa le ballet de la Prospérité des armes de la France........., comme ce prélat, qui étoit capable de tout ce qu’il vouloit, se donnoit la peine, avec M. d’Auxerre, de faire les honneurs de la salle, m’eut dit que cette journée-là il ne présenteroit pas la collation, je lui répondis qu’il feroit toujours bien toutes choses, et me fit civilités. » (Mémoires de Marolles ; Paris, 1656, in-folio, p. 126.)