Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/200

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la lui conter du long, en lui disant : « Vous qui avez fait ceci, et encore ceci, vous avez l’audace de m’entretenir de balivernes ! » Depuis cela, l’archevêque fit cas de ces religieux, quoiqu’il se repentît d’y avoir mis la réforme.

Le cardinal de Richelieu lui faisoit toucher certaine somme du clergé pour l’empêcher de voler ; et comme Son Éminence lui reprochoit un jour : « Mais on vous donne tant pour cela, » il lui fit le compte du maître-d’hôtel du maréchal de Brion, à qui son maître vouloit donner tant, et qu’il ne volât point. « Monsieur, lui répondit cet homme, je ne puis à ce prix-là : j’y perdrois. »

Il étoit d’humeur à faire des malices, et il trouvoit bon qu’on lui en fît aussi ; mais il avoit toujours un air sérieux. Un jour il alla chez le vicomte de Léry, qu’il appeloit le petit homme ; c’est auprès de Reims. Ce gentilhomme vint au-devant de lui, et lui dit : « Hé ! monseigneur, que vous venez mal à propos ! la petite femme est en mal d’enfant. » Il appelle ainsi sa femme qui accouche au moins tous les ans une fois. « Eh bien ! dit l’archevêque, il faut lire la Vie de sainte Marguerite. » En effet, il se mit à marmoter à l’entrée de la chambre. Quand il eut tout dit, cette femme sort en se crevant de rire.

Il a fait des tours de son métier en Champagne aussi bien qu’en Beauce et qu’en Anjou. Il vouloit retirer des prés de M. de Joyeuse. Pour cela il lui donna le moulin d’un village. Mais aussitôt il en fit faire un autre d’une certaine tour qui y étoit, en un endroit plus commode aux habitants. Joyeuse se plaint. « Bien, dit-il, nous en ferons faire un colombier. » Il en fit