Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/205

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tiaux étoit son cadet ; c’est ce brave qui fut tué depuis à Maestricht, après avoir repoussé le Pappenheim. Ce marquis d’Étiaux avoit tué un Huguenot, appelé le marquis de Courtomer, en duel ; ils servoient tous deux les Hollandois. Le page de Courtomer, ayant quitté la livrée, fit appeler d’Étiaux, qui se battit contre lui. Un cadet de Courtomer en vouloit faire autant, quand le bailli, pour faire cesser tout cela, s’avisa d’envoyer appeler un vieux seigneur, député de ceux de la religion. L’autre, bien surpris, s’en plaint. Les maréchaux de France demandent au bailli quelle mouche l’avoit piqué : « Je voyois, répondit-il, que tant de Huguenots appeloient mon frère en duel, que j’ai cru que c’étoit une querelle de religion. » Sur cela, le Roi défendit à ceux de Courtomer de faire aucun appel au marquis, et à lui d’en recevoir aucun. On ordonna seulement pour les satisfaire, à cause qu’il y avoit eu un homme de tué de ce côté, que quand ceux de Valençay les rencontreroient, qu’ils leur cédassent, par exemple, la meilleure chambre en une hôtellerie, qu’ils leur donnassent la main[1], et autres choses semblables.

À La Rochelle, il rendit de grands services. Il fit dire au cardinal qu’il se faisoit fort d’empêcher l’armée angloise de passer. On croit que quelque homme plus entendu au fait de la marine que lui avoit donné cet avis. Le cardinal le fait venir. Il lui dit hardiment : « Je ne vous dirai point mon secret, après que vous m’avez pris pour dupe au secours de l’île de Rhé ; ce fut moi qui vous donnai l’invention des chaloupes,

  1. Donner la main, c’est céder la droite.