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des fleurs. Le livre est tout couvert des chiffres de mademoiselle de Rambouillet. Il est relié de maroquin du Levant des deux côtés, au lieu qu’aux autres livres il y a du papier marbré seulement. Il y a une fausse couverture de frangipane[1].

Mademoiselle de Rambouillet reçut ce présent, et même remercia tous ceux qui avoient fait des vers pour elle. Il n’y eut pas jusqu’à M. le marquis de Rambouillet qui n’en fît. On y voit un madrigal de sa façon[2].

  1. Ce volume a été l’objet d’une notice de M. de Gaignières, imprimée en tête de l’édition de la Guirlande de Julie ; Paris, imprimerie de Monsieur, 1784, in-8o ; reproduite par les soins de M. Charles Nodier ; Paris, Delangle, 1826, in-16. Ce beau manuscrit, vendu sept cent quatre-vingts livres, à la vente Gaignat, et adjugé à la vente de La Valière moyennant quatorze mille cinq cent dix livres à madame de Châtillon, est maintenant entre les mains de madame la duchesse d’Uzès, sa fille.
  2. Les auteurs des madrigaux qui composent la Guirlande sont nommés dans l’édition de 1784, et cependant on n’y trouve pas le nom du marquis de Rambouillet, père de Julie d’Angennes ; aussi nous croyons que Tallemant se trompe en lui attribuant une de ces petites pièces. Mais notre auteur ne nous dit pas que l’un des madrigaux faits sur le lys est de Tallemant Des Réaux lui-même. Cette circonstance nous engage à citer ici cette jolie pièce :

    Devant vous je perds la victoire
    Que ma blancheur me fit donner,
    Et ne prétends plus d’autre gloire
    Que celle de vous couronner.

    Le Ciel, par un honneur insigne,
    Fit choix de moi seul autrefois,
    Comme de la fleur la plus digne
    Pour faire un présent à nos rois.

    Mais si j’obtenois ma requête,
    Mon sort seroit plus glorieux
    D’être monté sur votre tête
    Que d’être descendu des cieux.