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vit que madame de Rambouillet n’y étoit pas, elle en eut un dépit étrange, et leur dit qu’elle avoit quelque envie de les renvoyer sans leur montrer sa maison.

Madame de Saint-Étienne a plus d’air de madame de Montausier que pas une de ses sœurs. Elle est gaie, caressante, bonne et spirituelle, mais non pas tant que madame de Montausier ni que mademoiselle de Rambouillet. Elles s’est gouvernée de sorte que toutes les religieuses et la ville même de Reims l’aiment extrêmement. Comme elle partoit pour venir ici cette année pour un procès, elle alla à Saint-Remi de Reims voir la sainte Ampoule ; il y avoit une presse étrange. « Jésus ! dit-elle, quelle foule ! Ne l’avez-vous jamais vue ? — Ce n’est pas pour la sainte Ampoule, dirent-ils, que nous venons, c’est pour voir madame de Saint-Étienne. »

Mademoiselle de Rambouillet ne voulut pas être religieuse. On la tira d’Yères, quand sa sœur fut mariée : elle s’appelle Angélique-Clarisse d’Angennes. Mademoiselle Paulet lui donna son nom, et je pense qu’elle lui donna aussi ses cheveux, car il n’y a qu’elle de rousse dans la famille. En se coiffant de faux cheveux, cela peut passer ; mais la petite vérole l’a bien gâtée, en sorte qu’elle n’est nullement belle et n’a que la taille, mais avec une grande maigreur. Elle a de l’esprit, et dit quelquefois de fort plaisantes choses ; mais elle est maligne, et n’a garde d’être civile comme sa

    14 juin 1674, a fait de Liancourt un des plus beaux lieux de France. On a de cette dame un petit livre qu’on ne peut assez estimer. Il est intitulé : Réglement donné par une dame de haute qualité à M***, sa petite-fille. Cet ouvrage, publié en 1698 par l’abbé Boileau, et réimprimé en 1779, fut composé par elle pour la duchesse de La Rochefoucauld, sa petite-fille. Elle s’y montre profonde moraliste.