Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/264

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après, la Reine elle-même, car il ne falloit pas moins que cela, la mit en possession. Les rebelles furent assez insolentes pour déclarer à la Reine qu’elles ne reconnoîtroient jamais une coadjutrice ; elles firent des protestations contre tout ce qui s’étoit fait, et les plus envenimées se retirèrent chez leurs parents. Celles qui étoient demeurées ne se plaignoient que d’une chose, c’est que leur coadjutrice ne faisoit rien qui leur donnât lieu de mordre sur elle ; et peu après elles commencèrent à se radoucir. L’année suivante, M. et madame de Montausier et mademoiselle de Rambouillet y firent un voyage. La douceur et l’adresse de ces deux sœurs remirent quasi toutes les religieuses dans le devoir, mais l’humanité de M. de Montausier acheva de les réduire[1]. C’est ainsi qu’elles en parloient, et cela fit assez rire madame la marquise de Rambouillet. Il pensa bientôt après se repentir de son humanité, car ces bonnes filles l’assassinèrent de leurs lettres. Peu de temps après l’abbesse mourut, et la coadjutrice fut universellement reconnue de toutes les religieuses, excepté de la fille de M. Bodeau, dont nous parlerons ensuite[2] ; mais elle revint après. En retournant de Reims, madame de Montausier et sa compagnie passèrent à Liancourt. On alla dire à madame de Liancourt que c’étoit madame la marquise de Rambouillet ; elle en eut la plus grande joie du monde, car elle ne souhaite rien tant que de lui faire voir toutes les merveilles qu’elle a faites en ce beau lieu[3] ; mais quand elle

  1. Effectivement il a grande humanité pour ses valets ; il les fait bien traiter s’ils sont malades et les récompense. On est fort propre et fort réglé chez lui. (T.)
  2. Voyez l’article de mademoiselle Paulet, t. I, p. 196.
  3. Jeanne de Schomberg, duchesse de La Rocheguyon, morte le