Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/297

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qui ne peut cacher sa jalousie, car il remarque des fautes de Voiture, comme quand il dit en un des cha-

    Gaillards, éveillés et gentis ;
    Ils ont par tout même ramage,
    Et cent couleurs en leur plumage,
    Comme on en voit aux perroquets
    Et sont ceux qui font les coquets.
    Jadis n’en étoit remembrance,
    Cent ans a qu’il en vint en France…
    On les voyoit comme moineaux
    Ou comme troupe d’étourneaux,
    Ombrager toute la campagne
    Et couvrir toute la Champagne, etc.

    Sarrasin, dans la Pompe funèbre de Voiture, s’exprime ainsi :

    Enfin suivoit une volée
    Grande et confusément mêlée
    D’Amours de toutes les façons :
    C’étoit tous ces oiseaux garçons (*)
    Dont Voiture a donné la liste.
    Après on voyoit sur leur piste
    Les Amours d’obligation,
    Les Amours d’inclination,
    Quantité d’Amours idolâtres,
    Une troupe d’Amours folâtres,
    Force Cupidons insensés,
    Des Cupidons intéressés ;
    De petits Amours à fleurettes,
    D’autres petites Amourettes,
    Mêmement de vieilles Amours,
    Qui ne laissent pas d’avoir cours
    En dépit des Amours nouvelles.....

    (*) Garçon est pris ici en mauvaise part, dans le sens de vaurien, débauché. Ainsi on lit dans le Lai de l’Ombre, pièce du XIIIe siècle :

    Je ne veuil pas resambler ceus
    Qui sont garçon par tout détruire.