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pitres : Comme Vetturius enseignoit aux nouveaux mariés ce qui s’étoit passé entre eux. Il est vrai qu’il n’y a point d’art dans cette épître à M. de Coligny, car il raconte à ce seigneur ce qu’il sait mieux que lui, sans prendre aucun biais pour cela. Sarrasin le fait passer pour un farfadet. Madame de Rambouillet ne se pouvoit résoudre à lire cette pièce ; madame Saintot l’en pria. Elle croyoit, cette pauvre folle, que cela étoit à son avantage et à l’avantage de Voiture.

Le comte de Thorigny, fils de cet habile homme M. de Matignon, disoit, après avoir lu la Pompe funèbre de Voiture tout du long : « Je vous assure que cela est fort joli, Voiture ne fit jamais mieux que de faire cette pièce avant de mourir. » Mais ce qui est le plus étonnant de tout, c’est que Martin[1], neveu de Voiture, après avoir fait une grande préface qu’on lui corrigea, et où on lui fait faire une espèce d’apologie pour son oncle, à cause de Sarrasin, fut si innocent que de pro-

    Et bref tant d’Amours qu’à vrai dire
    On ne pourroit pas les décrire.
    Comme l’on voit les étourneaux
    Tournoyant aux rives des eaux,
    Lorsque la première froidure
    Commence à ternir la verdure ;
    Leur nombre qui surprend les yeux
    Noircit l’air et couvre les cieux,
    Tels ou plus épais, ce me semble,
    Se pressant cheminoient ensemble
    Tous les Amours de l’univers.

  1. Étienne-Martin de Pinchesne, contrôleur de la maison du Roi, neveu de Voiture, a été l’éditeur de ses Œuvres. On a de lui deux volumes de poésies qui seroient tout-à-fait oubliées si Boileau n’avoit pas mis Pinchesne au rang des poètes ridicules.