Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/303

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cet oncle avoit levé ; il se trouva quasi de toutes les expéditions qui se sont faites avant la guerre déclarée, et il se vit par la faveur du Père Joseph, ami de M. de Feuquières, qui avoit épousé sa sœur, gouverneur de Philipsbourg, en un si jeune âge, qu’il ne pouvoit manquer de faire une grande fortune, s’il eût su se conserver dans un si bon poste ; mais il se laissa surprendre une nuit. Le cardinal de Richelieu dit : « Ah ! voilà des soldats du Père Joseph. » Au lieu d’Arnauld Corbeville[1], qu’on l’appeloit, on l’appela Arnauld Philipsbourg. Cela fit crier si étrangement que quelqu’un a dit depuis, quand on vit la secte des jansénistes s’établir, que tandis qu’on parleroit de théologie et de guerre on se souviendroit de messieurs Arnauld. Cela est rapporté par M. d’Andilly (Arnauld) dans un volume de lettres qu’il a fait imprimer. Voyez la cervelle de l’homme ! en s’en plaignant, il l’a appris à bien des gens qui ne l’avoient jamais ouï dire[2]. Arnauld, dans ce temps-là, fut mis dans la Bastille. Sa famille fit imprimer une petite apologie, car à mal exploiter bien écrire, où ils chargeoient M. de La Force de

  1. Corbeville étoit le surnom du père de l’intendant. Arnauld d’Andilly donne sur le père quelques détails dans ses Mémoires ; mais il passe le fils entièrement sous silence, et on verra par ce qui suit qu’il n’auroit pas parlé de son cousin de Corbeville, sans entrer dans une continuelle apologie sur plusieurs faits graves. (Voyez les Mémoires d’Arnauld d’Andilly, t. 33, p. 320 de la deuxième série des Mémoires relatifs à l’histoire de France.)
  2. Voyez la lettre d’Arnauld d’Andilly à M. de Montrave, premier président du Parlement de Toulouse, dans le Recueil de ses Lettres ; Paris, Étienne-Loyson, 1676, in-12, pag. 407. Il y prend la défense de plusieurs membres de sa famille attaqués par le président Gramond, dans une Histoire de France qu’il a écrite en latin.