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été consommé avec Combalet. Cependant il passoit pour l’homme le mieux fourni de la cour, et qui étoit le plus grand abatteur de bois. J’ai ouï dire même que dans l’action, transporté de joie ou autrement, il avoit appelé un valet de chambre qui avoit été témoin de ce qui s’étoit passé. J’ai ouï dire encore que son mari n’avoit pas trop bien vécu avec elle, et qu’il disoit qu’elle avoit quelque chose sous le linge qui dégoûtoit fort. Je donne cela pour tel qu’on me l’a donné. Dulot[1], ce fou de poète royal et archiépiscopal, dont nous parlerons ailleurs, fit l’anagramme que voici sur cette prétendu virginité :

Marie de Vignerot,
Vierge de ton mari.


Madame de Rambouillet m’a pourtant assuré que jamais elle n’avoit reconnu que madame d’Aiguillon voulût passer pour fille. Cependant elle a pris des armes à lozange, il est vrai qu’il y a une cordelière ; ainsi elle est fille et femme tout ensemble, car il n’y a point d’armes de son mari.

On a fort médit de son oncle et d’elle. Il aimoit les femmes et craignoit le scandale. Sa nièce étoit belle, et on ne pouvoit trouver étrange qu’il vécût familièrement avec elle. Effectivement elle en usoit peu modestement ; car, à cause qu’il aimoit les bouquets, elle en avoit toujours et l’alloit voir la gorge découverte[2]. Un

  1. On trouvera plus loin l’Historiette de ce poète ridicule sur lequel les Biographies ne donnent aucun détail, et qui n’étoit connu jusqu’ici que pour avoir servi à Sarrazin de sujet pour un poème assez ingénieux.
  2. Guy-Patin dit : « Le cardinal, deux ans avant que de mourir,