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une boucle ou mit un petit ruban noir à ses cheveux ; elle prit des habits de soie, et peu à peu elle alla si avant que c’est elle qui est cause que les veuves portent toutes sortes de couleurs, hors du vert. Le cardinal de Richelieu ayant été déclaré premier ministre, le comte de Béthune fut le premier qui se présenta pour épouser madame de Combalet. Le comte de Sault, aujourd’hui M. de Lesdiguières (ce devoit être un des plus riches gentilshommes de France), fut le second qui se fit refuser. Il est vrai que le cardinal ne la pressa pas trop pour celui-ci, non plus que pour l’autre[1].

Madame de Combalet renouveloit tous les ans son vœu de Carmélite ; elle l’a renouvelé jusqu’à sept fois. Le cardinal fit consulter s’il étoit obligatoire ; on lui répondit que non. Cependant, pour se décharger entièrement, elle fonda une place de Carmélite qui doit être reçue pour rien. Je crois pourtant qu’elle se fût résolue à épouser M. le comte de Soissons, s’il l’eût voulu, et comme j’ai déjà remarqué, il l’eût épousée si elle eût été veuve d’un homme plus qualifié. On fit courir le bruit en ce temps-là que le mariage n’avoit point

  1. On a fait autrefois un vaudeville où je ne vois pas grand fondement, car je ne crois pas qu’on ait jamais parlé de la marier avec M. de Mantoue, auparavant M. de Nevers :

    On dit que monsieur de Mantoue
    S’apprête à danser un ballet,
    Où madame de Combalet
    Ne verra rien qu’elle n’avoue
    Que les vieux savent les bons tours.
    Messieurs, voilà le mot qui court.


    On appeloit ainsi ces vaudevilles. À l’Historiette de Senecterre j’ai parlé de M. le comte, et le Journal du cardinal en parle aussi. (T.)