Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/318

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va-t-en. » Or, ce diable étoit un laquais qui, s’étant endormi le soir, s’étoit couché au pied du lit de son maître, et, ayant senti du froid, s’étoit venu mettre sous la couverture.

Je ne sais si c’est pour se consoler de son veuvage, mais il alloit voir des femmes et les baisoit et embrassoit charitablement un gros quart-d’heure. Je ne saurois comment appeler cela ; mais, si c’est dévotion, c’est une dévotion qui aime fort les belles personnes, car je n’ai point ouï dire qu’il baisât comme cela que celles qui sont jolies. Il querella une fois la présidente Perrot de ce qu’elle s’étoit retirée après quelques baisers, et jura qu’il ne la traiteroit plus ainsi si elle ne prenoit cela comme elle devoit.

Il est si brusque, comme j’ai dit, qu’en parlant à un parloir de carmélites, il se fourra un fichon de la grille dans le front. En parlant, il donne des coups de poing aux gens. Madame de Rambouillet, qui savoit que M. de Grasse devoit dîner avec lui, écrivit en riant à ce petit prélat, « qu’il se gardât bien de se mettre à côté de M. d’Andilly s’il ne vouloit être écrasé. »