Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/332

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Enfin la marquise ne put demeurer plus long-temps si loin de Port-Royal ; elle alla donc loger tout contre. Depuis qu’elle y est, elle a plus d’intrigues que jamais, elle se mêle de tout ; avec cela bien des livres de jansénistes : elle ne sauroit souffrir ni relations, ni histoires, il ne lui faut que des dissertations : il faut toujours raisonner. La comtesse de Maure alla se loger auprès d’elle ; elles sont porte à porte, ne se voient presque point, et s’écrivent six fois le jour. Il ne faut point s’étonner de cela, car elles ont logé autrefois en même maison à la Place-Royale, et elles s’écrivoient de grandes légendes d’un appartement à l’autre.

En 1663, le jour que la comtesse de Maure mourut, la marquise de Sablé, sa voisine et sa bonne amie, mais non pas au point de l’assister à la mort, car il n’y a personne au monde à qui elle pût rendre ce devoir, envoya Chalais pour en savoir des nouvelles : « Mais, lui dit-elle, gardez-vous bien de me dire qu’elle est passée. » Chalais y va comme elle expiroit. Au retour : « Eh bien ! Chalais, est-elle aussi mal qu’on peut être ? Ne mange-t-elle plus ? (La marquise est fort friande.) — Non, répondit Chalais. — Ne parle-t-elle plus ? — Encore moins. — N’entend-elle plus ? — Point du tout. — Elle est donc morte ? — Madame, répondit Chalais, au moins, c’est vous qui l’avez dit, ce n’est pas moi. »

À cause que le sommeil est l’image de la mort, elle

    paru sous le nom de ce duc, et même il y en a un certain nombre qui, dans quelques éditions, lui sont spécialement attribuées. (Voyez la Note sur la lettre de madame de Sévigné à madame de Grignan, du 5 février 1690, t. 9 de l’édition in-8o, donnée par M. Monmerqué, p. 343.)