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Maisons, car le président de Maisons étoit alors son bon ami. Là, tout de même qu’à Paris, toujours vautrée sur un lit, elle ne s’en levoit que pour jouer au volant, afin de faire un peu d’exercice. Il fit les plus beaux froids du monde, mais jamais on ne put la faire sortir autrement qu’en chaise ; encore ne se promenoit-elle qu’au soleil et à l’abri, quoiqu’elle eût une chaise qui fermoit comme une boîte. Qu’on ne croie pas que ce soit quelque santé délicate comme celle de madame de Rambouillet ; c’est une grosse dondon qui n’a que le mal qu’elle s’imagine avoir. Depuis, le président de Maisons et elle furent aussi mal qu’ils étoient bien alors ; il disoit qu’elle se défioit de lui, parce qu’elle lui demandoit qu’il fît une déclaration comme il lui avoit promis que l’adjudication de Sablé, qu’il s’étoit fait faire, étoit au profit de la marquise ; et quand il en fallut venir là, il lui fit de belles parties[1], tant pour les sergents qu’il avoit fallu envoyer sur les lieux (car Bois-Dauphin, son fils, et la noblesse qu’il avoit cabalée s’opposèrent, mais en vain, à la prise de possession), que pour d’autres frais. D’un article il y avoit cent mille francs pour les consignations ; cependant il est certain que Betaut, receveur des consignations, étoit comme l’intendant de Maisons, et d’ailleurs un président au mortier ne consigne point. Cela s’accommoda à la fin, mais ils ne furent plus amis depuis. M. Servien a acheté cette terre[2].

  1. Parties : mémoires.
  2. C’est ce qui fait que le titre de marquise de Sablé a été porté par Augustine Le Roux, veuve en premières noces de Jacques Hurault, marquis de Vibray, et en secondes, d’Abel Servien, marquis de Sablé, surintendant des finances. Amie du duc de La Rochefoucauld et de l’abbé Esprit, elle a contribué à la composition des Maximes qui ont