Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et peut-être aussi de dépit de ce que son fils n’étoit pas principal héritier[1], en a fait tous les contes qui ont couru. Il disoit toutes les circonstances de la naissance et de l’éducation de chacun des Richelieu, et qu’ils étoient tous trois à madame d’Aiguillon ; et même qu’elle en avoit eu un quatrième. « Oh ! dit la Reine, il ne faut jamais croire que la moitié de ce que dit M. le maréchal de Brézé[2]. » Ainsi elle n’en auroit eu que deux.

Il se trouve que madame d’Aulroy, autrefois madame Du Pont-de-Courlay, générale des galères[3], présenta, durant le procès de madame d’Aiguillon et du duc de Richelieu, une requête qu’on supprima bien vite, par laquelle elle exposa au prévôt de Paris qu’on lui avoit supposé ces trois Richelieu au lieu de ses enfants. D’ailleurs madame d’Aiguillon, quand il a été question de la majorité de son neveu le duc de Richelieu, a dit que le baptistaire n’est qu’une feuille volante ; qu’il n’y en a eu ni du premier ni du second, qui sont baptisés tous deux en même jour et en même lieu. L’aîné avoit cinq ans. Quelle apparence, s’il n’y avoit du mystère, que le cardinal de Richelieu n’eût pas fait charger le registre !

Dans le procès qu’elle eut contre feu M. le Prince pour la succession du cardinal, on la traita de gourgandine.

  1. Cela est faux ; au moins feu M. de La Gallissonnière, qui étoit présent, comme parent et tuteur, à l’ouverture du testament, dit que le maréchal de Brézé ne s’emporta pas, et ne dit rien de ce qu’on lui a fait dire. (T.)
  2. Pour les deux filles, il n’en disoit rien. (T.)
  3. Ce Pont-de-Courlay étoit un bossu bien ridicule, une bête. Elle s’appelle Guémadeux d’une bonne maison de Bretagne : cette femme est un peu folle. (T.)