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terre de quinze cents livres de rente, dont il a joui effectivement toute sa vie.

M. Du Fargis, leur neveu, fit son cours de philosophie sous lui, mais M. de Lizieux ne fut jamais son précepteur, ni de feu M. le marquis de Rambouillet, comme a dit l’auteur de la Vie de M. d’Espernon[1]. L’estime qu’en faisoient M. et madame de Rambouillet le fit connoître. Feu M. d’Espernon le goûta, et lui fit donner l’évêché d’Aire. Le cardinal de Richelieu avoit fait amitié avec lui, et en fit cas toute sa vie. Comme il le connoissoit pour un homme franc et sans malice, il ne trouva point mauvais qu’il sollicitât pour M. de Vendôme, avec lequel, comme gouverneur de Bretagne, il avoit fait amitié, étant, comme il fut ensuite, évêque de Nantes, car Son Éminence étoit persuadée qu’en pareil cas il en auroit autant fait pour lui.

Le cardinal souffrit de même qu’il s’attachât à la reine. Cet attachement lui servit au commencement de la régence, car il étoit comme une espèce de ministre ; mais le cardinal Mazarin prévalut, et le fit éloigner ; quand il fit arrêter M. de Beaufort, M. de Cospéan logeoit à l’hôtel de Vendôme.

Quand on lui donna Lisieux, au lieu de Nantes, quelqu’un lui dit : « Mais vous aurez bien plus grande charge d’âmes. — Voire, répondit-il, les Normands n’ont point d’âmes. »

C’étoit un homme fort reconnoissant. Madame de

  1. Guillaume Girard, grand archidiacre d’Angoulême, mort en 1663. Sa Vie du duc d’Espernon a été imprimée in-folio en 1655. Elle a eu d’autres éditions.