Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/367

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qui aime le mieux à faire des armes ; il ne l’avoue pas à cause qu’il est d’église, si ce n’est à des gens discrets, et il a toujours des fleurets cachés derrière ses livres ; priez-le de faire assaut contre vous. » Neufgermain prend cela au pied de la lettre, va chez Ménage et lui fait le compliment. Ménage se met à rire. « Ne riez point, monsieur, ajouta le poète, vous pouvez vous fier à moi. » Et en disant cela il regardoit sur les tablettes s’il n’y avoit point de fleurets. Ménage, pour s’en débarrasser, fut contraint de lui dire qu’il avoit été saigné la veille, et qu’il falloit remettre la partie à une autre fois.




MAÎTRE CLAUDE
ET AUTRES OFFICIERS DE L’HÔTEL DE
RAMBOUILLET.


Neufgermain étoit le fou externe de l’hôtel de Rambouillet ; mais il y en a eu de domestiques en assez bon nombre, car pour des gens aussi sages que M. et madame de Rambouillet, on n’en trouvera guère qui aient eu plus de fous à leur service. Je parlerai de quelques-uns dont on fait d’assez plaisants contes.

Maître Claude étoit de son état ferreur d’aiguillettes ; sa femme fut nourrice de mademoiselle de Rambouillet, depuis madame de Grignan[1]. Cela fut cause qu’avec

  1. Ces derniers mots sont écrits à la marge du manuscrit ; cela