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CHAPELAIN[1].


Chapelain est fils d’un notaire de Paris : il fut précepteur-gouverneur de MM. de La Trousse, fils du grand-prévôt. Boutard dit qu’il portoit une épée pour faire le gouverneur, et même depuis, quoiqu’il ne fût plus chez ces Messieurs, il ne laissoit pas de la porter. Ses parens, ne sachant comment la lui faire quitter, prièrent Boutard de lui en parler ; mais au lieu de cela il s’avisa d’une bonne invention. Il fit que quelqu’un, qui feignait d’avoir été appelé en duel, prit Chapelain pour son second, qui, dès ce moment-là, pendit son épée au croc.

Il fut introduit à l’hôtel de Rambouillet[2], vers le siége de La Rochelle. Madame de Rambouillet m’a dit

  1. Jean Chapelain, membre de l’Académie françoise, né le 4 décembre 1595, mourut le 22 février 1674. L’un des trois éditeurs (M. Monmerqué) possède une Vie manuscrite de Chapelain, suivie de ses testament et codiciles, par lesquels il substitue sa bibliothèque à ses neveux. On trouve à la suite de ces pièces le Catalogue des livres et des manuscrits qui la composoient. Cette Vie de Chapelain offre des détails étendus sur l’auteur de la Pucelle ; mais elle est écrite dans la forme du panégyrique. Des notes jointes à ce manuscrit font connoître que la substitution a produit son effet jusqu’en 1747 ; l’époque de la division ultérieure de cette bibliothèque n’est pas connue. Ces vraisemblablement dans ce dépôt que Camusat aura puisé les matériaux des Mélanges de littérature tirés des lettres manuscrites de M. Chapelain, qu’il a donnés en 1726, en un volume in-12.
  2. En 1627 ou 1628.