Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/41

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présens. Il ne laissoit pas d’avoir de l’esprit, mais il paroissoit presque toujours hébété.

Un homme de qualité du diocèse de Lyon avoit un fils fort contrefait, et le vouloit faire d’église. Le cardinal de Lyon ne voulut jamais le tonsurer, disant qu’on se moquoit d’offrir à Dieu le rebut du monde.

L’abbé de Caderousse, du Comtat, l’étant venu voir, lui dit en entrant : « Monseigneur, je suis l’abbé d’un tel lieu… — Que voulez-vous que j’y fasse ? répondit-il en l’interrompant. — Qui suis venu pour faire la révérence… — Faites-la donc, » ajouta-t-il.

Le cardinal de Richelieu, qui le connoissoit bien, ne voulut pas qu’il le fût trouver à Narbonne ; aussi l’autre ne le voulut point aller trouver à Lyon, quand on y coupa le cou à M. le Grand. Le cardinal Mazarin, qui ne fit pas pour la charité ce qu’il devoit dans le procès que le cardinal de Lyon eut contre Deslandes-Payen, relativement à un prieuré qu’à ce qu’on dit le cardinal de Richelieu lui avoit ôté par violence, envoya offrir au cardinal de Lyon l’abbaye de Mauzac, dont il étoit titulaire, pour le dédommager de ce prieuré ; mais il ne la voulut point prendre. Cette ingratitude le fâcha, car le cardinal Mazarin souffrit que Lyonne, dont la femme est parente de Deslandes-Payen, sollicitât contre lui, et c’étoit, ce semble, se déclarer, Lyonne étant ce qu’il étoit auprès de lui. Mais les mariages de ses petits-neveux de Richelieu le fâchèrent bien davantage. Celui qui a écrit sa Vie en latin[1] le veut faire passer pour un grand homme, et dit que l’emprisonnement du cardinal de Retz, à

  1. L’abbé de Pure ; Paris, 1653, in-12.