Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/412

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c’est si peu de chose que j’en ai honte. » C’étoit cinq cents écus de pension sur ses bénéfices. Il eût coûté trois mille livres pour les lettres de componenda[1] à Rome, afin de faire mettre cette pension sur quelque bénéfice. Cela n’étoit pas trop sûr avec le Mazarin. Il aima mieux attendre quelque nouveau bénéfice et faire assigner sa pension dessus. Corbie revint au cardinal à cause que le cardinal Pamphilio se maria ; le brevet fut fait au nom du Roi, et la pension assise sur l’abbaye de Corbie sans qu’il en coûtât un sou à Chapelain. M. le cardinal paya la première année de ses deniers ; pour les quatre années des troubles, il manda à M. Chapelain qu’il poursuivît les fermiers. Ils montrèrent qu’ils n’étoient que comptables ; la guerre avoit mis les bénéfices en non-valeur. Le cardinal rétabli, Chapelain va trouver Colbert[2], pour le prier de savoir du cardinal si son intention étoit qu’il touchât sa pension, et que, si ce ne l’étoit pas, il n’en parleroit jamais. Depuis cela le frère de Colbert lui apporta tous les ans sa pension.

Bois-Robert dit qu’en un paiement qu’il fit à M. Chapelain, celui-ci lui renvoya un sou qu’il y avoit de trop. C’étoit pour quelque accommodement de frais de bénéfices. Bois-Robert dit « qu’en ce traité M. Chapelain oublia les obligations qu’il lui avoit. »

M. le Prince savoit par cœur toute l’ode que Chapelain fit pour lui ; il la portoit dans sa pochette avant qu’elle fût imprimée. Il avoit auparavant en-

  1. La Componenda est un bureau dépendant du cardinal dataire, auquel on adresse toutes les suppliques qui sont soumises à quelque rétribution pécuniaire. (Dict. de Trévoux.)
  2. Alors intendant du cardinal Mazarin.