Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/414

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Assidu au samedi chez mademoiselle de Scudéry, il néglige tous ceux qui ne cabalent point ou qu’il ne craint pas. Madame de Rambouillet ne le voit guère souvent, non plus que M. Conrart, si M. de Montausier n’est à Paris. Ils rendent ce pauvre marquis tout parnassien ; en récompense, mademoiselle de Rambouillet ne les aime guère, et madame sa mère les prend bien pour ce qu’ils sont.

Une fois Chapelain racontoit qu’une femme du faubourg Saint-Denis, saisie de fureur, avoir coupé la tête à son fils, et, après, l’étoit allée porter à ses voisines, comme si elle eût fait quelque bel exploit ; et non content d’avoir dit une charretée de paroles inutiles, il se mit à prendre tous les exemples de l’antiquité, et fut long-temps sur celui de Médée ; après, comme il voulut faire la réduction : « Mais celle-ci tue son enfant..... — Et si, ajouta mademoiselle de Rambouillet, on ne lui avoit pas ravi Jason. » Cela fut dit si brusquement qu’il en demeura comme déferré. Jamais homme n’a tant hâblé que celui-là. D’Ablancour ne le peut souffrir ; il dit « qu’il bave comme une vieille p..... » Voiture, qui le connoissoit bien, l’appelle dans une lettre l’excuseur de toutes les fautes : c’est qu’il cabale en toutes choses, et dit toujours : « Cela n’est pas méprisable. »

Il est temps de venir à la Pucelle. Je ne m’amuserai point à critiquer ce livre ; je trouve qu’on lui fait honneur, et La Mesnardière[1] en cela a rendu le plus

  1. La Mesnardière, poète françois au-dessous du médiocre, a publié une critique du poème de Chapelain sous ce titre : Lettre du S. Du Rivage, contenant quelques observations sur le poème de la Pucelle ; Paris, 1656, in-4o, de 65 pages.