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Tasse, et M. Des Raincys est en vie, et il est du samedi ; il trouve un échappatoire ; il dit que le style pastoral étant de beaucoup au-dessous du style galant, le madrigal de monsieur Des Raincys l’emportoit, mais qu’à proportion celui du Tasse étoit aussi beau. Et voilà cet homme qui est un lynx en langue italienne ! Depuis, Ménage trouva dans le Guarini :

Se non mirate che v’adoro,
Mirate almen’ che io moro !




CONRART[1].


Conrart est fils d’un homme qui étoit d’une honnête famille de Valenciennes, et qui avoit du bien ; il s’étoit assez bien allié à Paris. Cet homme ne vouloit point que son fils étudiât, et est cause que Conrart ne sait point le latin. C’étoit un bourgeois austère qui ne permettoit pas à son fils de porter des jarretières ni des roses de souliers, et qui lui faisoit couper les cheveux au-dessus de l’oreille ; il avoit des jarretières et des roses qu’il mettoit, et c’étoit au coin de la rue. Une fois qu’il s’ajustoit ainsi, il rencontra son père tête pour tête ; il y eut bien du bruit au logis : son père mort, il voulut récompenser le temps perdu.

  1. Conrart (Valentin), né à Valenciennes, secrétaire de l’Académie françoise, mort à Paris le 23 septembre 1675.