Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mie de la vicomtesse d’Auchy[1]. D’Ablancour fut comme la sage-femme de cette production, ou, pour mieux dire, ce fut lui qui le fit. Plusieurs académiciens, qui l’eussent admiré s’ils l’eussent su, y trouvoient des choses à redire, à cause qu’ils croyoient que c’étoit de Conrart. Mézerai disoit à Patru : « Que ne vous l’a-t-on donné à faire ! — Voire, répondit Patru, n’est-ce pas à votre secrétaire à faire cela ? »

Il est fort propre au métier de secrétaire in ogni modo, et, si sa santé le lui avoit permis, il auroit recueilli fort exactement tout ce qu’il eût fallu pour l’Académie. C’est lui qui le premier y a introduit le désordre et la corruption, car, à cause que Bezons[2] avoit épousé une de ses parentes, il cabala avec M. Chapelain pour le faire recevoir ; ensuite Salomon[3], collègue de l’autre à la charge d’avocat général du Grand-Conseil, y fut admis, et depuis rien n’a été comme il faut. La politique de ces messieurs étoit

  1. Voyez plus haut l’historiette de madame d’Auchy, la maîtresse de Malherbe.
  2. Claude Basin de Bezons, avocat-général au Grand-Conseil, depuis conseiller d’État, succéda au chancelier Séguier, quand ce dernier, à la mort du cardinal de Richelieu, devint protecteur de l’Académie françoise. Les titres de M. de Bezons sont d’une nature peu imposante. La traduction d’un Traité fait à Prague, entre l’Empereur et le duc de Saxe, et deux Discours prononcés à l’ouverture des États de Languedoc, composent tout son bagage littéraire.
  3. François-Henri Salomon, avocat-général au Grand-Conseil, succéda au poète Bourbon. Sa nomination fut loin d’être honorable pour l’Académie, car cet auteur de la paraphrase non imprimée d’un Psaume fut préféré au grand Corneille. On objectoit à ce dernier que, faisant en province son séjour habituel, il ne pourroit assister que rarement aux assemblées de l’Académie. (Histoire de l’Académie françoise, par Pellisson ; Paris, 1730, in-12, t. I, p. 210.)