Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/424

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de mettre des gens de qualité dans leur compagnie. M. Chapelain, qui avoit fait les statuts, si statuts se peuvent appeler, a si bien réglé toutes choses qu’en dépit des gens, quelque sages qu’ils eussent été, il étoit impossible qu’on n’y eût bientôt du désordre. Depuis, mais trop tard, comme nous dirons ailleurs, on fit un bien meilleur réglement.

Pour revenir à l’humeur de notre homme, il est cabaleur et tyran tout ensemble ; mais cabaleur à entretenir commerce avec des doctes de Hollande et d’Allemagne, lui qui ne sait point de latin ; cabaleur encore à se charger d’un million d’affaires, car, comme je veux croire qu’il y a de la bonté et de l’humeur obligeante, je sais fort bien aussi qu’il y a de la vanité et de la cabale. Chapelain et lui imposent encore à quelques gens, mais cela se découd fort ; et si celui-ci imprimoit comme l’autre, tout cela s’en iroit à vau l’eau. L’un après l’autre ils ont été les correspondants de Balzac. Pour Balzac, c’est un correcteur général d’imprimerie. Il a affecté de faire imprimer et de revoir les épreuves des Entretiens de Costar et de Voiture, où il y a quasi autant de latin que de françois, et il ne trouvoit pas trop bon qu’on lui dît qu’il se devoit décharger de cette impression ; une fois même il voulut revoir des épreuves toutes latines, à l’aide d’un écolier de seconde qui étoit son neveu, friand de louanges, d’épîtres dédicatoires, etc.

Quant à l’humeur tyrannique, après sa femme personne n’en sait plus de nouvelles que moi. Il a toujours affecté d’avoir des jeunes gens sous sa férule : moi, qui ne suis pas trop endurant, il me prit en amitié et je l’aimai aussi tendrement ; mais, dès que Patru