Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/43

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dis, » et autres articles semblables. Lopès pria M. de Rambouillet de voir ce bon maître des requêtes. Le maître des requêtes lui dit : « Monsieur, y a-t-il rien de plus clair ? Gadamasilles, etc. » M. de Rambouillet se mit à rire : « Hé, monsieur, lui dit-il, ce sont des tapisseries de cuir doré qu’il a fait venir d’Espagne pour M. de Bassompierre. » Celui-ci fait venir un Dictionnaire espagnol : Lopès fut absous, et le maître des requêtes interdit, parce que Lopès prouva que, sous prétexte de les acheter, il lui avoit pris pour quatre mille livres de bagues.

Le cardinal de Richelieu, pour se divertir, un jour que Lopès revenoit de Ruel avec toutes ses pierreries, que le cardinal avoit voulu voir exprès, le fit attaquer par de feints voleurs, qui pourtant ne lui firent que la peur. Il y alloit de tout son bien ; aussi la peur fut-elle si grande, qu’il fallut changer de chemise au pont de Neuilly, tant sa chemise étoit gâtée. Le chancelier, dans le carrosse duquel il étoit, dit qu’il se présenta assez hardiment aux voleurs. Le cardinal eut du déplaisir de lui avoir fait ce tour-là, car il avoit joué à faire mourir ce pauvre homme ; et pour raccommoder cela, il le fit manger à sa table. Ce n’étoit pas un petit honneur. Un jour il y fit mettre M. Tubeuf, qui en fut si surpris, à ce que dit Boisrobert, que, tout hors de lui, il mettoit les morceaux dans ses yeux, au lieu de les mettre dans sa bouche.

Une fois que l’abbé de Cerisy et Lopès faisoient des compliments à qui passeroit le premier, Chastellet, le maître des requêtes, dit : « Le vieux Testament va devant le nouveau ; » car on le vouloit faire passer pour Juif, lui qui étoit Mahométan. On a dit de ce fat