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dame de Choisy de faire prier Dieu pour elle de peur que ce grand bonheur ne fût suivi de quelque calamité. Elle maria mademoiselle de Langeron, sa dame d’atours, au castellan de Plotsko, si je ne me trompe, qui a quatre-vingt mille livres de rente en fonds de terre. On lui promit le premier palatinat vacant.

La Reine donna en ce temps-là à sa sœur tout ce qu’elle avoit à prétendre sur le duché de Mantoue et de Montferrat ; mais voici encore des hausses qui baissent ; elle n’eut que deux filles, et pas une ne vécut.

La guerre des Cosaques et celle des Suédois l’ont mise tantôt bas, tantôt haut : tout cela vient de ce que le feu Roi, qui vouloit se rendre plus absolu, avoit fomenté sous main cette révolte des Cosaques, afin d’avoir un prétexte d’être armé.

Celui-ci se laisse gouverner par les Jésuites, et sottement alla refuser à Radzivil, palatin perpétuel du grand-duché de Lithuanie, une charge qui lui appartenoit, et qu’il lui fallut donner en dépit qu’on en eût. Il exila le vice-chancelier, à ce qu’on dit, pour une amourette. On a écrit qu’il étoit amoureux de sa femme ; cela a mis le feu partout, car ces deux hommes ont excité cette guerre de Suède. Je laisse cela aux historiens pour venir à madame d’Avenet.

Madame l’abbesse d’Avenet, madame d’Avenet, sœur de la reine de Pologne, étoit morte avant que sa sœur fût reine. On dit qu’elle étoit la plus belle des trois, et que pour ses belles mains elle eut permission de porter des gants. M. de Guise, alors archevêque de Reims, lui en conta aussi bien qu’à la princesse Anne sa sœur. Quelquefois elle sortoit par la porte des bois, déguisée en paysanne, et portoit du beurre au marché d’Avenet ;