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le roi d’Espagne l’envoya en Italie, où il mourut peu de temps après.

Or, pour ses conventions matrimoniales et pour son douaire, elle eut assez d’affaires, dont un de ses parents nommé le chevalier de Mailly prit le soin. Pour l’en récompenser, elle l’épousa, car il n’avoit point fait les vœux, et, quoique pauvre, étoit d’une fort bonne maison de Picardie. Ce mariage ne fut déclaré qu’après la mort de la duchesse ; elle ne vouloit pas perdre son rang : ils demeuroient cependant ensemble à Saint-Victor. Ils ont eu une fille, qui est celle dont nous venons de parler : celui qui l’a épousée est de la maison de Schomberg et est premier maître-d’hôtel du roi de Pologne. Je pense que madame de Schomberg a aussi contribué à ce mariage.

M. le chancelier tint un jour un enfant avec la duchesse de Croy : c’étoit une fille. Le curé demanda quel nom elle lui vouloit donner. « Je ne sais, dit-elle, car mon nom est un vrai nom d’idiote ; je m’appelle Geneviève. » Le curé lui en fit une grande réprimande : « Que c’étoit une des plus grandes saintes du paradis, et celle de toutes à qui la France avoit le plus d’obligations. » Ensuite M. le chancelier, ayant pris des lunettes pour signer, lui en fit des excuses, et dit que cela étoit bien vilain en présence d’une belle dame comme elle. « Ne vous embarrassez pas de cela, répondit la duchesse, on m’a accusée d’aimer un galant qui en avoit aussi bien que vous » (c’étoit Spinola).