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pour avocat ; il se disoit son parent ; elle en rioit : « Il ne l’est pas, disoit-elle ; mais il me fait service, il lui faut donner cette petite satisfaction. » Cet homme avoit tous les titres de cette maison entre les mains, et en fit comme il voulut. C’est peut-être sur ces titres-là que Me Charles Dumoulin lui a donné la qualité de nobilissimus, et c’est sur ces mêmes titres-là que le grand-prieur avoit été reçu chevalier de Malte[1].

Il y avoit une madame de Chausseraye en Poitou, fille de ce petit de Vezins qui fut trouvé à Genève (c’étoit un héritier qu’on avoit fait enlever ; La Noue, Bras-de-Fer, son parent, le reconnut à Genève ; cet enfant étoit chez un cordonnier) ; cette dame, dis-je, soutenoit que le maréchal de La Meilleraye venoit d’un notaire d’Ervaux, qui est une abbaye en Poitou, et un gentilhomme de mes alliés m’a dit avoir vu une cession d’un abbé d’Ervaux, où il y a : « J’ai quitté à mon compère Jean de La Porte, notaire, la rente du blé qu’il me devoit, mais non celle des chapons. » Et le fils de ce notaire fut avocat à Paris.

Le maréchal de La Meilleraye étoit huguenot, et a

    maternel du cardinal de Richelieu, et père du grand-prieur, dans les Mémoires de Montglas. (Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France, deuxième série, t. 49, p. 21.)

  1. Ce grand-prieur de La Porte étoit un homme de bien et un homme d’honneur. Quand le grand-prieur de Vendôme fut mort, le cardinal de Richelieu le voulut faire grand-prieur, encore qu’il y eût un commandeur plus ancien que lui, et il avoit assez de pouvoir pour cela ; mais il ne le voulut jamais, et dit que c’étoit une injustice. Il laissa passer l’autre devant, mais il n’attendit guère, car cet homme mourut bientôt après. J’ai vu ce grand-prieur fort aimé à La Rochelle, dont il étoit gouverneur avec le pays d’Aulnis, Brouage et les îles. Depuis sa mort la religion de Malte a démembré le grand Prieuré à cause qu’il n’étoit plus que pour des princes et des gens de la faveur. (T.)