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l’empereur Cocceius Nerva, qui n’eut point d’enfants. Buchanan avoit bien plus de raison d’appeler Timoléon de Cossé le sang de Cossus, un dictateur romain ; cela est permis à un poète. Sa folie alla jusqu’au point de faire passer ses sœurs devant elle, disant qu’elle a dégénéré en épousant un autre qu’un prince ; et dans le cabinet de l’Arsenal, où tous les grands-maîtres de l’artillerie sont peints, elle a fait mettre le titre de prince à M. de Brissac, son grand-père. Depuis, je ne sais si elle l’a fait effacer, car elle est revenue de cette grotesque.

MM. de Brissac, ses frères, ne furent guère plus sages. Cerizay[1] fit une chanson contre eux sans se nommer ; la voici. Ce fut pour complaire à M. de La Rochefoucauld.

Petit Brissac, chacun baise les mains
À vos aïeux, les empereurs Romains ;
On voit assez comme la chose va ;
Et n’est auteur,
Qui ne soit serviteur
De Cocceius Nerva.

Votre cadet, le prince de Cossé,
Tranche le mot et franchit le fossé.
De cette histoire on sait tout le détail,
Et comme on va
De Cocceius Nerva
Jusqu’à Rocher-Portail[2].

J’ai ouï dire que la maison de Cossé, quoique illustre,

  1. On lit Cerisay dans le manuscrit, mais ne seroit-ce pas plutôt Habert de Cerisy, de l’Académie française, qui mourut en 1655 ?
  2. Ce riche partisan dont Tallemant a donné l’Historiette tom. I, qui maria sa fille au duc de Cossé.