Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Ma compagne, tu ne peux rien ; le Roi est saint. » Ses amours étoient d’étranges amours. Il n’avoit rien d’un amoureux que la jalousie. Il entretenoit madame d’Hautefort de chevaux, de chiens, d’oiseaux et d’autres choses semblables. Il la fit dame d’atours en survivance ; elle eut quelques dons. Mais il étoit jaloux d’Esgvilly-Vassé[1] ; et il fallut qu’on lui fît accroire qu’il étoit parent de la belle. Le Roi le voulut savoir de d’Hozier. D’Hozier avoit le mot, et dit tout ce qu’on voulut.

Madame de La Flotte, veuve d’un des MM. Du Bellay, chargé d’affaires et d’enfants, s’offrit, quoique ce fût un emploi au-dessous d’elle, d’être gouvernante des filles de la Reine-mère, et elle l’obtint par importunité. Elle donna la fille de sa fille, dès l’âge de douze ans, à la Reine-mère : c’est madame d’Hautefort. Elle étoit belle. Le Roi en devint amoureux et la Reine jalouse, ce dont le Roi ne se soucioit pas autrement. Cette fille, songeant à se marier, ou voulant donner quelque inquiétude au Roi, souffrit quelques cajoleries. Huit jours il étoit bien avec elle ; huit autres jours il la haïssoit quasi. Quand la Reine-mère fut arrêtée à Compiègne, on fit madame de La Flotte dame d’atours en la place de madame Du Fargis, et sa petite-fille est reçue en survivance.

En je ne sais quel voyage, le Roi alla à un bal dans une petite ville ; une fille, nommée Catin Gau, à la fin du bal, monta sur un siége pour prendre, non

  1. La famille d’Ecquevilly, descendue du président Hennequin. Tallemant est entré plus bas dans quelques détails sur d’Ecquevilly.