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main et eux presque toujours à Paris, ils le débusquèrent pourtant. Il mourut peu après à Dangu, une maison à lui auprès de Pontoise. On grattoit déjà à sa porte comme à celle du cardinal[1].

Le feu Roi mourut bientôt après[2]. Il avoit toujours craint le diable, car il n’aimoit point Dieu, mais il avoit grande peur de l’enfer. Il fit baptiser M. le Dauphin ; le cardinal Mazarin le tint pour le pape. Il lui prit une vision, il y a vingt ans, de mettre son royaume sous la protection de la Vierge, et, dans la déclaration qu’il en fit, il y avoit : « Afin que tous nos bons sujets aillent en paradis, car tel est notre plaisir. » C’est ainsi que finissoit cette belle pièce[3].

  1. On grattoit à la porte du Roi, et par flatterie à celle des puissants d’alors, pour se les faire ouvrir. Dans le Baron de la Crasse, comédie de R. Poisson, ce personnage raconte qu’étant allé au Louvre, et ayant frappé à la porte du Roi, l’huissier lui dit :

    Apprenez, monsieur de Pézenas,
    Qu’on gratte à cette porte, et qu’on n’y heurte pas.


    Les courtisans se servoient du peigne pour cet usage. Molière dit dans son Remercîment au Roi de 1663 :

    Grattez du peigne à la porte
    De la chambre du Roi.

  2. Comme les prisonniers de la Bastille ne sortoient point, on disoit qu’il n’y avoit que la Reine qui fût sortie de prison. (T.)
  3. Déclaration du Roi par laquelle il prend la sainte Vierge pour protectrice spéciale de son royaume, le 10 février 1638 ; Paris, 1638, in-8o.

    La citation de Tallemant n’est pas textuelle ; mais quant à la bizarrerie de la chute à laquelle le protocole donne lieu, elle est exacte : « Nous admonestons le sieur archevêque de Paris, et néanmoins lui enjoignons, etc., afin que sous une si puissante patrone, notre royaume