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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/92

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et n’avoit que sa voix, non plus qu’un autre. Il leur dit qu’elle gâteroit tout, s’ils la faisoient régente comme, la feue Reine-mère. Elle se jeta à ses genoux. Il la fit bientôt relever ; il la connoissoit bien, et la méprisoit.

On disoit quand M. le Prince mourut, et qu’il eut aussi témoigné de la fermeté, qu’il n’y avoit plus d’honneur à bien mourir, puisque ces deux hommes-là étoient si bien morts. On alla à l’enterrement du Roi comme aux noces, et au-devant de la Reine comme à un carrousel. On avoit pitié d’elle, et on ne savoit pas ce que c’étoit.




M. D’ORLÉANS (GASTON)[1].


M. d’Orléans étoit fort joli en son enfance, et on lui faisoit dire, il y a sept ou huit ans, en voyant le Roi et M. d’Anjou : « Ne vous étonnez de rien ; j’étois aussi joli que cela. » Il fit pourtant une chose fort ridicule à Fontainebleau, où il fit jeter dans le canal un gentilhomme qui, à son avis, ne lui avoit pas assez porté de respect. Il y eut du bruit pour cela ; il ne vouloit point demander pardon à ce gentilhomme, quoiqu’on lui rapportât l’exemple de Charles IX qui, étant roi, et ayant su qu’un homme, auquel, dans l’ardeur de la chasse, il avoit donné un coup de houssine (l’autre s’étant mis mal à propos dans son chemin),

  1. Gaston, Jean-Baptiste de France, duc d’Orléans, frère de Louis XIII, né le 25 avril 1608, mort le 2 février 1660.