Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 2.djvu/96

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     Ton ton
    Monsieur Ribaudon
   Tutaine tuton tutaine.

La belle lui a répondu :

  Vous êtes un gentil luturlu,
   Tutaine tuton tutaine
    Tu tu,
   Pour faire cocu
    Ton ton
   Monsieur Ribaudon,
   Tutaine tuton tutaine.

En ce temps-là, il jouoit et mangeoit fort souvent avec les dames du voisinage de cette belle. Il faisoit cas de madame de Ribaudon, mais on ne dit point qu’il en ait reçu aucune faveur. Depuis, elle mourut pour ne s’être pas assez conservée. Elle étoit délicate, et vouloit faire tout ce que font les plus robustes.

Après madame de Ribaudon, Monsieur aima une fille de Tours, appelée Louison Roger. Elle appartenoit aux principaux de la ville. M. de Montbazon, qui avoit du bien auprès de Tours, et y étoit souvent, avant cela, lui avoit donné une petite plaque d’argent ; Monsieur lui en donna une grande. Cette fille étoit plaisante, et avoit l’esprit vif. Un jour, comme ils causoient, elle se mit à crier : « Ah ! mon Dieu, la grande plaque de Monsieur a pensé engloutir la petite plaque de M. de Montbazon. » Elle fut deux ans à ne vouloir pas souffrir que Monsieur lui parlât qu’en présence de deux prudes. Une fois il fit semblant de se vouloir tuer. Les parents, lâches et intéressés, fermoient les yeux à tout. Il en jouit à la fin. Elle devint si sotte, qu’elle ne faisoit pas asseoir les dames de la ville. Il y eut bien des réjouissances durant cette