Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/103

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du pain à mettre sous les dents, j’avois une faim enragée ? — C’est, lui dit le maréchal, que vous étiez excommunié ; il n’y a rien qui donne tant d’appétit. — Mais si le pape savoit cela, reprit le Roi, il vous excommunieroit. — Il me feroit grand honneur, répondit l’autre, car je commence à être bien blanc, et je deviendrois noir comme en ma jeunesse. »

À la mort de Du Moustier, le chancelier, par l’instigation des Jésuites, fit acheter tous les livres qu’il avoit contre eux et les fit brûler.




LE PRÉSIDENT LE COGNEUX[1].


Le père du président Le Cogneux étoit maître des comptes[2] ; il y a deux ans ou environ que son fils, reçu président au mortier comme lui[3], en une audience de l’édit, menaça un avocat de l’envoyer en bas. Les avocats, irrités de cela, recherchèrent sa naissance, et ils trouvèrent que le père du maître des comptes étoit procureur et fils d’un potier d’étain, qui fut surnommé Le Cogneux, à cause qu’il cognoit sans cesse[4].

  1. Le véritable nom est le Coigneux. Tallemant l’écrit comme on avoit l’habitude de le prononcer.
  2. Antoine Le Coigneux, maître des comptes, en 1572, père du président.
  3. Le fils fut reçu président à mortier le 20 août 1652.
  4. Guillaume le Coigneux, marchand potier d’étain, mourut en 1505, et Sara Ral, sa femme, en 1517 ; on voyoit leur épitaphe au charnier