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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/106

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lui parler, et elle étoit si transportée que son confesseur fut obligé de lui permettre de parler à cet homme, de peur qu’elle ne se désespérât ; mais elle n’en put jamais venir à bout. Enfin, le temps la guérit, et elle se mit dans la dévotion : je pense qu’elle vit encore. Elle disoit à madame Pilou : « Ma chère, quand je revins de ma folie, j’étois aux champs ; ah ! disois-je, je pense que voilà de l’herbe ; ce sont là des moutons : avant cela je ne voyois pas ce que je voyois. »

Comme il étoit en Angleterre avec la Reine-mère, il lui vint fantaisie de se marier, et il épousa sa troisième femme, qui étoit fille d’honneur de la Reine-mère. Un gentilhomme, nommé Sémur, l’alloit épouser ; elle le pria de trouver bon qu’elle prît M. Le Cogneux, puisque c’étoit son avantage. En revanche, le président donna sa fille à Sémur.

Cette troisième femme a eu ensuite du bien par succession. Le président revint après la mort du cardinal de Richelieu, et fut rétabli dans tous ses biens.

Il s’avisa une fois de vouloir être dévot ; quelques jours après il se promenoit à grands pas dans sa salle, et tout rêveur : « Qu’avez-vous ? lui dit-on. — Ma foi ! répondit-il, je n’y trouve pas mon compte, je n’y suis pas propre : il faut aller son train ordinaire. »

Il appeloit sa femme Présidentelle, parce qu’elle est petite : c’est une honnête femme et fort complaisante. Il l’amena de deux cents lieues d’ici, ayant la petite-vérole : « Tu iras bien, on t’enveloppera dans le carrosse. » Elle n’avoit apparemment que la petite-vérole volante.

Il se mit une fois en tête de planter à Saint-Cloud, qu’il a fait assez ajuster, sans considérer qu’il présidoit