Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/29

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d’une douceur et facilité sans exemple à pardonner, et en tous ses maux d’une résignation entière à la volonté de Dieu et d’une ferme confiance en sa grâce, se reposant toujours sur sa providence, et ne désespérant jamais de ses secours.

Les pertes de ses chers enfants, de madame de Beringhen, sa digne sœur, dame reconnue d’un chacun pour être d’un esprit éminent, d’une admirable conduite et d’une vie exemplaire[1], avec celles d’une infinité de ses meilleurs et plus chers amis, accompagnées d’abondant d’autres afflictions non moins cuisantes, l’avoient réduite, par la tendresse de son bon naturel et par leur importance, à une vie fort languissante, si bien que les forces du corps ne se trouvant pas égales à celles de l’esprit, ni la délicatesse de la nature à l’habitude de sa grande constance, ces déplaisirs furent suivis d’une maladie aiguë et d’une mort très-heureuse, le 1er de juin, l’an 1641. Ce fut au château de La Pléau, en Limousin, maison de madame de La Pléau, sa fille aînée. Son testament a été une exhortation ample de piété à ses enfants, sa maladie un patron de patience, tous ses propos des enseignemens et des consolations saintes, et ses dernières paroles celles de saint Paul : « Je suis assurée que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni puissances, ni choses présentes, ni choses à venir, ni hautesse, ni profondeur, ni aucune autre créature, ne me pourra séparer de la dilection de Dieu, qu’il nous a montrée en Jésus-Christ, notre Seigneur[2]. »

  1. Tallemant en a cependant médit dans l’article qui suit ; mais de qui n’a-t-il pas médit ?
  2. On a cru qu’il n’étoit pas inutile de publier cette Notice biographique contemporaine sur une femme justement célèbre. Elle avoit déjà été citée dans l’article Loges (des) de la Biographie universelle de Michaud. On peut aussi consulter l’article qui lui a été consacré dans le Dictionnaire de Moreri.