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cureur eut un fils avocat[1], qui fut poussé dans les charges, qu’on ne vendoit pas en ce temps-là ; il fut avocat-général, et son fils président[2]. Il en eut trois autres ; le chancelier vient de celui qui fut lieutenant-civil.

Le chancelier fut si étourdi, étant garde-des-sceaux, que de faire ôter la tombe de ce procureur, qui étoit à Saint-Severin ou à Sainte-Opportune, à cause qu’il y avoit une inscription[3]. Sa femme s’appelle Fabri[4] ; elle a eu beaucoup de bien. Je pense que son père étoit trésorier de France à Orléans. On dit que le grand-père de Fabri étoit serrurier, d’où vient la pointe Fabricando Fabri fimus[5]. Cette femme n’a jamais été

  1. Pierre Séguier, premier du nom, d’abord avocat des parties, devint avocat-général du Parlement en 1550, président à mortier en 1554 ; né en 1504, mort en 1580.
  2. Pierre Séguier, deuxième du nom, d’abord lieutenant civil, succéda à son père dans la charge de président à mortier.
  3. Ce ne fut pas lui, ce fut Séguier, marquis d’O ; le premier président Le Jay, qui étoit alors procureur du roi du Châtelet, en haine du président Séguier d’alors, oncle du chancelier, en fit informer. Il étoit mal satisfait de ce président, je ne sais pourquoi. (T.)
  4. Madeleine Fabri, fille de Jean Fabri, seigneur de Champauzé, trésorier de l’extraordinaire des guerres.
  5. Je sais de Boileau, greffier de la Grand’Chambre, que le père de la chancelière a été valet chez feu son grand-père à quinze écus de gages, c’est-à-dire tout au plus petit clerico. Cependant, à l’imitation de son mari, elle va chercher des aïeux en Provence. M. de Peiresc s’appeloit Fabri ; il prétendoit venir d’un gentilhomme pisan qui s’établit en Provence durant les guerres des ducs d’Anjou pour le royaume de Naples ; et comme M. le président Séguier eut les sceaux, Peiresc, qui étoit bien aise d’avoir sa faveur pour obliger les gens de lettres et de vertu, avoua le frère de la chancelière, alors maître des requêtes, pour son parent. Le bonhomme Gassendi en met la descente tout franc dans la vie de Peiresc. Il le croit, comme il le dit, ou il avoit ordre de son ami d’en parler ainsi pour la raison que j’ai dite. (T.)