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Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/51

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au sortir de chez elle, quoiqu’elle le lui eût défendu, elle l’alla battre et égratigner dans son lit. De dépit, il entendit à la proposition que madame Pilou lui fit.

Bonneuil, introducteur des ambassadeurs, comme des ambassadeurs d’Angleterre lui eussent demandé : « Qui est cette dame-là ? (C’étoit madame de Rohan.) — C’est le docteur, répondit-il, qui a converti M. de Candale ; » car, pour fortifier le parti des Huguenots, elle fit changer de religion à M. de Candale, qui n’y demeura guère. Théophile fit une épigramme sur cela, qui est dans le Cabinet satirique. L’épigramme qui dit :

Sigismonde est la plus gourmande, etc.,


est faite aussi pour elle : elle n’est pas imprimée.

M. de Candale avoit amené deux ou trois capelets de Venise à Paris ; lui et Ruvigny en trouvèrent une fois un couché avec une g.... dans la Place Royale. Ruvigny lui dit : « Je te donne un écu d’or si tu la veux baiser, demain, en plein midi, dans la place. » Il le promit, et, comme il étoit après, M. de Candale et Ruvigny et quelques autres firent exprès un grand bruit : toutes les dames mirent la tête à la fenêtre et virent ce beau spectacle.

Avant que de passer plus avant, je dirai ce que j’ai appris pour preuve de ce que je viens de dire. M. de Rohan étoit dans Maubeuge avec dix mille hommes, à la vérité il lui manquoit quelque chose. Le cardinal Infant se va mettre devant la ville. Le cardinal de La Valette s’avançoit (c’étoit à cause de lui que son frère avoit de l’emploi). L’Espagnol lève le siége. Candale et Gassion viennent trouver La Valette ; il veut les ren-