Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/55

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point voulu faire de bruit. Cette femme, en un pays où l’adultère eût été permis, eût été une femme fort raisonnable ; car on dit, comme elle s’en vante, qu’elle ne s’est jamais donnée qu’à d’honnêtes gens ; qu’elle n’en a jamais eu qu’un à la fois, et qu’elle a quitté toutes ses amourettes et tous ses plaisirs quand les affaires de son mari l’ont requis. Elle a cabalé pour lui et l’a suivi en Languedoc et à Venise, sans aucune peine. »

Madame et mademoiselle de Rohan et M. de Candale étoient à Venise quand madame de Rohan se sentit grosse. Elle fit si bien qu’elle eut permission de venir à Paris ; car elle cacha cette grossesse, comme vous verrez par la suite ; et il y a toutes les apparences du monde que son mari ne lui touchoit pas, autrement elle ne se fût pas mise en peine de cela. Ce n’est pas qu’il s’en souciât autrement, car Haute-Fontaine ayant voulu sonder s’il trouveroit bon qu’on lui parlât des comportements de sa femme, il lui fit sentir que cela ne lui plairoit pas.

À Paris, madame de Rohan se tenoit presque toujours au lit. M. de Candale, qui étoit aussi revenu, étoit toujours auprès d’elle : elle envoyoit mademoiselle de Rohan sans cesse se promener avec Rachel, sa femme-de-chambre. Madame de Rohan, étant accouchée, l’enfant fut porté chez une madame Milet, sage-femme, après avoir été baptisé à Saint-Paul, et nommé Tancrède le Bon, du nom d’un valet-de-chambre de M. de Candale.

Or, dès Venise, Ruvigny, fils de Ruvigny qui commandoit sous M. de Sully, dans la Bastille, étant comme domestique de la maison, et y trouvant une