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moi. » On eut raison de dire à madame de Rohan, la fille, en des vers qu’on lui envoya :

On termine de grands procès
Par un peu de guerre civile[1].


C’est pourtant dommage, car le roman eût été beau, et c’eût été bien employé que cette orgueilleuse eût été humiliée de tout point ; ce n’est pas qu’elle ne passât assez mal son temps, car Chabot coquettoit partout, et elle étoit jalouse en diable ; d’ailleurs il lui coûtoit un million quand il est mort, quoiqu’il eût hérité de tous ses frères, et qu’il lui fût venu du bien.

Madame de Rohan envoya à Romorantin un gentilhomme breton, nommé Portman, faire compliment à sa mère sur la mort de Tancrède, mais comme de lui-même ; il ne lui dit rien de la part de monsieur ni de madame de Rohan, seulement il lui témoigna qu’ils avoient dessein de se remettre bien avec elle. Elle répondit qu’elle enverroit des preuves, lorsqu’elle seroit à Paris, parce qu’elle étoit résolue de poursuivre sa justification. À son arrivée à Paris, Portman l’assura que madame de Rohan sa fille, et monsieur son mari, se disposoient à lui donner satisfaction sur la reconnoissance de monsieur son fils, pourvu que de leur part ils fussent en sûreté, et qu’ils consentoient qu’on assemblât des avocats qui s’accordassent des formes, pour mettre à couvert l’honneur des uns et des autres, et que pour le bien on s’en rapporteroit à des arbitres. Madame

  1. Ces vers sont de Marigny. (T.)