Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madame de Rohan la mère est fort inquiète ; elle fut deux ou trois ans durant, tantôt à Alençon, tantôt ailleurs. Une fois elle ne savoit lequel prendre de Caen, d’Alençon, de Tours et de Blois ; elle croit toujours que l’air est meilleur au lieu où elle n’est pas qu’au lieu où elle est ; elle disoit plaisamment : « Hélas ! j’allois autrefois à la petite poste de la cour de Charenton ; mais j’y suis étouffée par cette foule d’Altesses de mademoiselle de Bouillon, de La Trimouille, de Turenne, etc., etc. »

Vers ce temps-là, un portier de Charenton, nommé Rambour, alla trouver Haucour, frère de mademoiselle d’Haucour, et lui demanda s’il vouloit voir le vrai fils de M. de Rohan ; il dit que oui. Le portier lui amène un garçon de dix-sept à dix-huit ans, bien fait, mais qui avoit quelque chose de fou dans les yeux : il faisoit, disoit-on, un roman.

Madame de Rohan se plaignit de Haucour, et vouloit faire voir la fausseté de cette affaire, quand M. le premier président, qui crut que l’honneur d’un couvent où ce garçon avoit été nourri étoit engagé, en fit bien de la difficulté. On dit que ce garçon est fils de M. de Guise et de madame d’Amené.

Un jour de cène, elle rencontra sa fille, tête pour tête, allant à la communion ; cela l’outra : elle en pleura une grande demi-heure. La fille avoit accoutumé d’attendre, depuis leur rupture, que sa mère eût fait. Le reste, la mort de M. de Rohan-Chabot et la réconciliation de la mère et de la fille se trouveront dans les Mémoires de la Régence.