Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/87

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Et moi, répondit l’autre, La Chapelle Coup de Canon. » Ils mirent l’épée à la main, mais on les sépara.

Fontenay étoit de fort amoureuse manière : il a cajolé une infinité de personnes ; et quoique ce fût une fille à qui il en contoit, il ne l’appeloit jamais autrement que Belle Dame. La principale belle dame qu’il cajola ce fut madame de Bragelonne du Marais ; il fit mille folies pour elle ; et enfin n’en étant pas satisfait, sur quelque jalousie qu’il lui prit, un beau jour, comme elle entendoit la messe dans les Petits-Capucins[1], il s’alla mettre à genoux auprès d’elle, et lui dit, prenant Dieu à témoin, s’il n’étoit pas vrai qu’elle étoit la plus ingrate du monde de lui faire des infidélités comme elle lui en faisoit, et en pleurant il lui rendit des bracelets et autres bagatelles qu’elle lui avoit données. « Mais il faut, lui dit-il, que vous me rendiez mon cœur ; je vous donne deux jours pour cela, et n’y manquez pas. »

Une fois il aimoit une femme dont il jouissoit ; cette femme, soit qu’elle fût lasse de lui, car il étoit fort quinteux, ou qu’en effet elle se voulût retirer, lui déclara qu’elle vouloit changer de vie, et le pria de ne plus venir chez elle. Lui n’en fit que rire : il y retourne, mais il trouve, comme on dit, visage de bois. Que fait-il ? Après avoir bien harangué, il trouve moyen d’avoir un pétard, et l’attache à la porte de cette femme. Elle qui connoissoit le pélerin, et qui étoit une espèce d’Amazone, ouvre une trappe de cave qui étoit

  1. L’église des Capucins du Marais, aujourd’hui la paroisse Saint-François.