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rideaux, et, à la porte des maisons, il prenoit du linge à dentelles, puis l’ôtoit quand il étoit entré dans son carrosse.

Il se mit dans la tête qu’il étoit le meilleur comédien du monde, et, montant sur une table, il jouoit un rôle devant quiconque le vouloit ouïr.

On dit qu’à la terre où il demeuroit à la campagne, il y avoit d’ordinaire une sentinelle au haut d’une tour ; et quand on découvroit quelqu’un qui venoit faire visite, la sentinelle sonnoit une cloche, et alors le maître, la maîtresse et leurs enfans se paroient pour recevoir la compagnie.




FONTENAY COUP-D’ÉPÉE,
LE CHEVALIER DE MIRAUMONT.


Fontenay fut nommé Coup-d’Épée, à cause de sa bravoure. J’ai appris que ce fut à cause d’un furieux coup d’épée dont il abattit une épaule à un sergent qui le vouloit mener en prison : il étoit sur un cheval de poste et revenoit de l’armée ; il avoit de l’or sur son habit, et l’or avoit été défendu depuis quelques jours. On dit qu’une fois un autre gladiateur et lui s’étant rencontrés tête pour tête au tournant du pont Notre-Dame, chacun voulut avoir le haut du pavé. Notre homme dit à l’autre d’un ton de rodomont pensant l’intimider : « Je m’appelle Fontenay-Coup d’Épée. —