Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 3.djvu/9

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beau et bien fait. Il me semble que Bassompierre méritoit bien autant d’être grondé que la Reine.

On a dit qu’il étoit plus libéral par fenêtre qu’autrement ; on l’a accusé d’aimer mieux perdre un ami qu’un bon mot ; il n’a jamais passé pour brave, cependant aux Sables-d’Olonne il acquit de la réputation, paya de sa personne, et montra le chemin aux autres, car il se mit dans l’eau jusqu’au cou. Pour la guerre, il la savoit comme un homme qui n’en eût jamais ouï parler[1]. Cependant il fut fait maréchal de France ; mais il voulut que M. de Créquy passât devant : ils s’appeloient frères. Cependant il pensa épouser madame la Princesse, comme nous avons dit ailleurs.

Après M. de Rohan, qui avoit eu pour trente mille écus la charge de colonel des Suisses, Bassompierre eut cette charge, et la fit bien autrement valoir qu’on ne l’avoit fait jusqu’alors ; d’ailleurs il étoit habile et faisoit toujours quelques affaires. Il n’y avoit presque personne à la cour qui eût tant de train que lui, et qui fît plus pour ses gens. Lamet, son secrétaire, fut préféré, en une recherche d’une fille, à un conseiller au parlement.

Parlons un peu de ses amours. On a dit qu’il avoit

  1. On fit un guéridon sur une entrée de ballet, où il sortoit d’un tambour.

    Sortir d’un tambour,
    Galant Bassompierre,
    Aimer tant l’amour
    Et fuir tant la guerre,
    Ô guéridon, etc. (T.)