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ET LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

Les Anglais, disait-on, s’avançaient dans le pays, pillant, saccageant, égorgeant… En Dauphiné, on parla d’une invasion de Savoyards ; en Lorraine et en Champagne, c’étaient des reîtres et des lansquenets d’Allemagne qui avaient franchi la frontière, féroces comme au temps des guerres de religion[1]… » À Angoulême, on annonce l’arrivée de quinze mille bandits. À Saint-Etienne-de-Forez, on en annonce quatre mille. À Libourne, l’effroi propagé est tel qu’on renforce les milices. Dans le Limousin, on répand subitement le bruit que tous les bourgs et toutes les villes sont en feu. Dans l’Orléanais, les paysans sont tellement affolés qu’ils s’arment tous de faux et de fourches, et s’enfuient de tous les côtés… Et pas une contrée, pas une ville, pas une localité, n’échappe à ce cri subit, poussé dans les trente-six heures, sur tous les points du territoire : les brigands ! ou : les Anglais ! ou : les Savoyards ! ou : les Allemands ! Partout, au même moment, la France est tout

  1. Frantz Funck-Brentano, les Brigands.