cette triste alternative j’ai choisi la moins dure des deux extrémités,
et, sûr d’ailleurs de la bienveillance de mes chers lecteurs, les uns
mes amis connus, les autres mes amis inconnus, je me suis décidé
à leur offrir les débris de la correspondance du prieur, comme on
offre, avec un cordial sans-façon et une douce confiance, un repas
incomplet à des convives qui tiennent gracieusement compte à leur
hôte de sa bonne intention, ainsi que de son regret de ne pouvoir
mieux faire. Malgré les lacunes que je signale et que je déplore,
le petit recueil des lettres de Guillemin paraîtra peut-être digne
d’attention, et, en lisant certaines pages particulièrement intéressantes,
comme celles qui concernent le duc d’Épernon, Mlle de
Gourgue, Martin de Laubardemont, le marquis de Lusignan,
l’archevêque Henri de Sourdis, on se consolera de ne pas avoir à
sa disposition tout le dossier primitif. Pour revenir à ma comparaison
de tout à l’heure, on excusera, je l’espère, l’absence de
certains plats en faveur de la succulence des autres, et on redira
avec une souriante philosophie le mot consolateur : Au moins les morceaux sont-ils bons ! [1]
I
J’estime que meshuy vous aurez receu mes lettres de Mompelier en datte du IX du passé dont Mr le general Ranchin[2] se vouleut charger à mon départ, pour vous les faire tenir plus seurement. Si cela est ainsi vous aurez veu par cette despesche en quoy je me suis employé de là, suivant mon instruction[3].
- ↑ Je donne en appendice — pour dessert — trois billets inédits adressés à Denis Guillemin. Un de ces billets sera certainement agréable à ceux qui se souviennent de la petite notice publiée ici (en janvier 1890) sous ce titre : Une nièce de Peiresc, Claire de Fabri. Notes et documents.
- ↑ C’était un général des finances, neveu de François Ranchin, le célèbre chancelier de l’Université de médecine de Montpellier.
- ↑ Voir les Instructions ou Mémoire pour le prieur de Roumoules (Lettre de Peiresc, t. V, pp. 233-243).