II
Lettre des consuls de la ville de Digne à Gassendi pour lui demander sa protection auprès du comte d’Alais, gouverneur de Provence.
- Monsieur,
Les graces que ceste ville ressoit à tous moments de vostre bonté nous obligent à luy rendre compte de l’action qui c’est passée en la creation de nostre novel estat ayant le Conseil faict chois à cest affaict de la personne du sieur Guiton pour vous en dire l’histoire, parce que nous ne doutons point que quelques personnes qui ont vouleu à main armée choquer nostre élection n’ayent envoyé divers messages à Son Altesse pour prevenir l’esprit de ce grand prince par l’invention de quelque imposture et nous noirsir des crimes qu’ils ont vouleu commetre : mais comme nous cognoissons les adventages que vostre vertu vous a acquis auprès de ceste illustre personne, nous ne doutons point que ceste ville qui est toute vostre et par son inclination par la recognoissance de tant de faveurs que vous luy avés desparties, ne ressoive encores ce nouveau tesmoinage de vostre affection de disposer Son Altesse de recevoir une deputation des nouveaux administrateurs de ceste communauté que nous tacherons de faire la plus celebre que nous sera possible pour luy faire cognoitre que si ceux qui ont précédé ont eu quelque estincelle d’affection pour son service, nous avons des brasiers et des fournaises de respect et de submission[1] pour recevoir tous ces (sic) commandements avec une obéissance aveugle (sic) et nous ne doutons pas qu’il ne donne une oreille à nos justes deffences, si vous nous accordés l’honneur de vostre protection laquelle nous vous demandons avec la mesme passion que nous sommes,
À Digne, ce 26 mars 1650.