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Page:Tamizey de Larroque - La bibliotheque de Mlle Gonin.djvu/12

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plusieurs heures dans l’étude admirative de cette collection, y remarquant une foule de volumes qu’elle n’avait pas encore eu le plaisir de rencontrer dans ses voyages d’explorations bibliographiques, et tirant de ces volumes si rares de précieuses indications, comme une vaillante abeille — la comparaison était inévitable — tire des fleurs exquises un suc délicieux. Parmi les bouquins qui obtinrent le plus de succès auprès de Mlle Pellechet, je mentionnerai un ancien catéchisme du diocèse d’Autun (1748), qui manque, — et c’est tout dire — à la bibliothèque spéciale d’un très distingué collectionneur et érudit du département de Saône-et-Loire, M. de Fontenay.

Enfin, il y a quelques mois seulement, je reçus la visite imprévue et presque comparable à celle d’un aérolithe — car mon nouvel hôte me sembla tout d’abord tombé du ciel — je reçus, dis-je, la visite d’un Révérend père Capucin qui s’occupe avec le zèle le plus ardent de la biographie d’un de ses confrères d’autrefois, le P. Ambroise de Lombez[1]. Le R. P. Joseph (dans le monde M. de Bénéjac) venait tout exprès à Gontaud pour me demander communication de ce que je pouvais avoir recueilli sur la vie et les œuvres de l’auteur du Traité de la paix intérieure. Il m’était pénible d’être obligé de répondre à un saint homme qui était venu à moi — et de si loin — avec tant de confiance : « Hélas ! je n’ai rien pour vous ». Au moment où j’allais pourtant, à la fois victime et bourreau, faire éprouver au bon Père le supplice d’une aussi cruelle déception, je pensai à la bibliothèque de Mlle Gonin, comme à une source bienfaisante où mon visiteur pourrait se désaltérer à son aise. Nous nous élançâmes aussitôt vers cette source en quelque sorte providentielle, et quelle ne fut pas la joie de mon respectable compagnon de course en découvrant, lui l’éditeur des œuvres du célèbre écrivain ascétique, une

    me suffise de dire que dans la Revue critique elle-même, le recueil aux rigueurs à nulle autre pareilles, le recueil proverbialement terrible, on a déclaré (no du 26 janvier 1885, p. 66) que c’est « un des livres de bibliographie les plus extraordinaires », que l’auteur a réuni des renseignements « qui surprennent par leur étendue et leur variété, » qu’ « il a tout vu, tout lu, tout recueilli, » qu’ « il semble qu’aucune bibliothèque ne soit restée en dehors de ses investigations. »

  1. — Voir dans la Revue de Gascogne de décembre 1882 (p. 539-546) un très intéressant article sur Ambroise de Lombez, par Jules Frayssinet.